Deuxième campagne.
Mais la vie est aussi très rude en Bretagne à cette époque là, et c'est sans peine que le sieur Gibon recrute un nouveau groupe pour la prochaine campagne : il y a même là quelques familles, femmes et enfants : les Yan, de Concarneau, les Le Tendre, les Brunou.
Pour cette campagne là, on embarque aussi quatre vingt dix malgaches à l'escale de Fort Dauphin.
Et on atteint St Paul - après une traversée toujours aussi épouvantable !
Et l' Austral appareille pour une nouvelle campagne phoquière aux Kerguelen.
Et la vie reprend,
toujours aussi dure et inhumaine, malgré la présence des femmes de marins qui n'ont pas leur pareil pour organiser la vie à terre.
La production atteint des records : on pêche fréquemment vingt huit mille langoustes par jour !
Gibon décide même d'abandonner la boëte à la morue, qui nécessite la mise à l'eau de doris et la pêche à la ligne – opération longue, pour appâter .... avec les gorfous sauteurs !
Ces charmants petits pingouins qui, au lieu de se dandiner comme leurs cousins royaux, papous, empereurs, sautillent à "pieds joints" pour progresser sur les sentiers qu'ils ont tracés sur les pentes abruptes du volcan sont alors victimes d'un massacre épouvantable.
Les scientifiques s'émeuvent en métropole et demandent l'arrêt de cette tuerie.
En vain !
Mars 1930.
L'Austral a terminé sa campagne aux Kerguelen ; ses soutes sont pleines d'huile de phoques lorsqu'il atteint St Paul pour récupérer les colons à la fin de la campagne d'été.
Mais là, surprise : tous ne quitteront pas l'île ! Le nouveau représentant
des armateurs, Fragon, encore un notable, concarnois, bien connu de
nos bretons, décoré, portant beau, décide que sept personnes
volontaires resteront sur l'île pour assurer le gardiennage pendant
l'hiver austral !
Et les volontaires se désignent, rassurés par la prestance de ce
Fragon et l'assurance de plusieurs visites de navire apportant
vivres et courrier.
Louise Brunou décide aussi de rester en compagnie de son mari.
Louise est enceinte.